Aujourd’hui comme le temps n’est pas au beau, je vous propose un peu d’histoire. Celle de mon village Grisy Suisnes, terre de rosiéristes à l’origine de la culture des roses en Île-de-France.
En 1799 , le compte Antoine de Bougainville
officier de marine et premier navigateur, explorateur français achète une
propriété à Suisnes qu’il fit transformer en château.
Il connaissait, et se passionnait pour les plantes, son jardin était remarquable. Le comte engagea un jeune maître jardinier, Christophe Cochet (1777-1819), âgé de 22 ans. En 1802, une pépinière voisine se mit en vente. Le comte l’offrit à Cochet pour qu’il y développe la culture des rosiers, culture dans laquelle il excellait.
Christophe Cochet est à l’origine d’une
longue lignée d’horticulteurs-pépiniéristes et de rosiéristes à Grisy Suisnes
et dans les environs de Brie-Comte-Robert. A sa mort il laisse une collection
de 75 variétés.
En 1877, Scipion Cochet (1833-1896),
petit-fils de Christophe, crée « Le Journal des Roses », revue mensuelle
servant de relais entre les rosiéristes amateurs et professionnels, qui prend
par la suite le titre de « Journal des Roses (Rosa inter flores). Revue
d’arboriculture ornementale ». Cette revue évoque les procédés de culture, les
innovations, les caractéristiques des différentes roses, elle rend compte des
expositions et concours en France et dans le
monde.
A cette période, l’essentiel de la production
est constitué de rosiers d’ornement pour parcs, grandes propriétés et jardins.
Après la guerre, les pépiniéristes se mettent à travailler en vue du
« forçage ». L’ouverture du chemin de fer va transformer l’économie
de la région et faciliter les communications. Au milieu des années 1880, les
rosiéristes briards franchissent une nouvelle étape, ils cultivent les roses sous
verre. Ces roses encore en boutons sont expédiées directement aux Hales de
Paris. La vente de fleurs coupées devient une activité prépondérante des
briards, des champs entiers sont plantés du célèbre « Ulrich
Brunner ».
En 1892 la gare de Grisy est ouverte, chaque jour
un train spécial de roses coupées part pour Paris Bastille. A cette époque la
brie compte environ 150 rosiéristes, emploie 450 personnes et cultive huit
millions de rosiers sur 130 hectares. Grisy Suisnes produit la moitié de la
production qui s’élève à 50 millions de roses chaque année.
Vers 1900, environ 100 000 douzaines de
roses sont expédiées quotidiennement
vers la capitale, la production atteint les
165 tonnes. Pour la Pentecôte de
1906 un train contenant 7 fourgons de 96 000 douzaines (soit 1 152 000 roses !) venant
exclusivement de Grisy part pour la capitale. Cette production de masse
n’empêche pas certains pépiniéristes de poursuivre un travail d’obtention de
nouvelles variétés qui contribue au renon de la ville de Grisy. En 1909, la
collection de roses des rosiéristes de la commune compte plus de 3 000
variétés.
Aujourd’hui quelques rosiéristes résistent
encore pour notre plus grand bonheur. Désormais l’antique gare entourée d’une petite
roseraie de 1500 m² n’a pas perdu de son charme, elle abrite un petit musée
autour de la rose et l’ancienne voie ferrée a été transformé en chemin de
promenade chargé d’histoire qui serpente sur 17 km.
Bonne semaine à tous.